Saint-Félix Lauragais : La construction de l’orgue actuel de Saint Félix Lauragais remonte à la fin du 18ème siècle, aux années 1780 et 1781. Dans la séance capitulaire du 9 décembre 1775, Mr de Crouzet, alors doyen du Chapitre de Saint-Félix, avait insisté sur la nécessité urgente d’un instrument de ce genre. Un orgue avait autrefois existé dans notre collégiale et par une délibération du 16 avril 1678, le Chapitre avait décidé de vendre la fonte et l’étain du vieil instrument pour en affecter le produit à l’achat de quelques bréviaires pour le choeur. |
Des difficultés
Après bien des hésitations dues à des difficultés d’ordre financier, c’est enfin le 31 juillet 1779 que le Chapitre décide irrévocablement de faire construire l’orgue actuel. Or, l’archevêque venait, bien opportunément, de faire une visite à la Collégiale et avait constaté avec peine l’état de délabrement de l’église ; il avait demandé comme réparation à envisager de toute urgence, la construction d’un nouveau plafond. La communauté (la municipalité de l’époque) avait favorablement accueilli cette demande et s’était engagée à faire le nécessaire. L’orgue serait ainsi protégé des intempéries.
Enfin l’orgue
Mr de Purpan, sacristain (nous dirions aujourd’hui curé) et Mr de Reyner de Camboyer, syndic, ayant reçu tous pouvoirs du Chapitre, se renseignèrent sur les meilleurs facteurs d’orgues. De tous les devis fournis, celui de Mr Rabiny fut retenu. Ce dernier s’engageait à fabriquer l’orgue pour le prix de 11 000 livres avec comme avantages différents termes pour le paiement et promesse de finir et parfaire son ouvrage dans l’espace de 18 mois. Le 10 mai 1781, Mr de Reyner déclara que le moment était venu de faire le choix d’un organiste. C’est Mr Isidore Sériès, déjà organiste à Montréal, qui fut retenu aux appointements de 550 livres. Finalement, le 19 septembre 1781, les travaux furent terminés et “tout le monde fut satisfait et enthousiasmé”.
Les facteurs d’orgues Rabiny
De nationalité allemande, Grégoire et Joseph de Rabiny (oncle et neveu) n’ont édifié que peu d’orgues en France. Trois instruments seulement portaient leur signature (en particulier celui d’Aurillac par Joseph Rabiny), mais le plus important d’entre eux est celui de Saint Félix Lauragais.
Restaurations subies par l’instrument depuis sa construction
Au cours du 19ème siècle le facteur Maucourt donne à l’orgue un style romantique.
Vers les années 1950, le facteur Puget procède à ses modifications et enfin de 1990 à 1992, Pierre Vialle procède à une restauration complète et redonne à l’instrument ses caractéristiques et qualités d’origine telles que les avaient conçues Grégoire Rabiny en 1781.
Préservation technique
L’organiste joue sur 3 claviers manuels et 1 pédalier pour les pieds. Ce clavier positif a 50 notes et fait résonner 10 jeux. Le clavier du grand orgue a 50 notes faisant sonner 13 jeux. Enfin, le clavier pour les pieds ou pédalier, a 15 notes et fait résonner 4 jeux. L’instrument compte 2 207 tuyaux, ayant une sonorité très pure à laquelle contribue également l’acoustique de la Collégiale.
L’orgue a été classé monument historique le 24 mars 1967.
Et aujourd’hui
Mme Fernande Desplats est l’actuelle titulaire de l’orgue et veille à son entretien (sensibilité à la température, sècheresse ou humidité).
De grands organistes français ou étrangers, séduits par l’instrument, sont venus donner des concerts.
Citons parmi eux : Michel Chapuis (organiste de ND de Paris et chapelle de Versailles), Michel Bouvard (Saint Sernin à Toulouse), Yasuko Uyama (Japon), Jeris Verdin (Belgique), Jean-Patrice Brosse (Paris), Jan Willem Jansen (Toulouse). A signaler en 2005, la visite de 25 organistes européens de 19 nationalités différentes. N’oublions pas enfin que Déodat de Séverac joua sur cet instrument dans les années 1910-20.
Hubert ROQUES
Crédit photos : Collection Fernande Desplats